Un peu d'histoire
Pratique millénaire, le rituel du goût au travers du thé est l’un des rares actes qui se soit perpétué de civilisation en civilisation, de continent en continent jusqu’à prendre le goût du sacré.
L’art du thé en Chine :
C’est à la dynastie des Tang, l’âge d’or de la civilisation chinoise, qu’il faut remonter pour retrouver les origines de la cérémonie du thé…
Les écrits du poète Luwuh indiquent que, déjà, au VIIIème siècle, le thé est passé d’une boisson ordinaire à un véritable objet de culte. Luwuh vivait dans une Chine forte, ouverte vers l’extérieur et qui cherchait à réaliser une synthèse entre Bouddhisme, Taoisme et Confucianisme ; il voyait dans le service du thé le reflet de l’harmonie et de l’ordre qui règnent en toute chose.
Sous les Tang, les feuilles de thé sont broyées et transformées en un gâteau qui est alors bouilli. Sous la dynastie suivante des Song, l’art de boire le thé évolue ; il consiste à mettre en suspension dans de l’eau bouillante, une poudre de feuilles de thé finement broyées. A cette évolution technique s’ajoute une nette évolution de la philosophie de cet art. Le passe-temps poétique, certes chargé de symbolisme, que Luwuh pratiquait devient sous les Song un véritable art de vivre, un moyen d’avancer sur le chemin vers l'éveil. A partir de cette période, on trouve très clairement les influences Bouddhistes et Taoistes.
La rébellion des tribus Mongoles au XIIème siècle aboutit à l’invasion de la Chine par les Empereurs Yuan ce qui mit fin à l’épanouissement culturel de la dynastie des Song.
La dynastie indigène des Ming tenta vainement au XVème siècle de retrouver le rituel des Song. C’est à cette période que se développe l’habitude de faire infuser les feuilles de thé telle que nous le pratiquons aujourd’hui en Europe. Rien d’étonnant à cela puisque c’est à la fin de la dynastie Ming que l’Europe découvre le thé.
L’art du thé au Japon :
A la fin du XIIème siècle un moine japonais, Yeisai Zenji, qui était allé étudier la philosophie Chan en Chine du sud, ramène au Japon des plants de thé ainsi que le rituel Song pour boire le thé. Yeisai sera le fondateur de la première école Japonaise du Zen, le Rinzai.
Dès le XIVème siècle, le déroulement d’une cérémonie du thé est déjà bien établi. Cependant, c’est un passe-temps des hautes classes sociales, des samouraïs, des nobles ; on utilise un décor à la chinoise très sophistiqué.
Puis, au XVème siècle, les espaces intérieurs japonais évoluent. On voit apparaitre l’usage systématique des tatamis, des cloisons amovibles, de l’alcôve décorative que l’on nomme tokonoma (c'est-à-dire, l’espace du toko, du rouleau de calligraphie…). L’espace pour le thé est le point d’aboutissement de cette évolution architecturale. Dans son pavillon d’argent, sur la montagne de l’est à Kyoto, le Shogun Ashikaga no Yoshimasa crée la première pièce spécifiquement dédiée à la pratique du thé. On trouve déjà dans l’atmosphère de ce lieu, la simplicité, la pureté et le calme qui caractérisent la cérémonie du thé actuelle. Peu à peu, l’espace va encore se modifier dans le détail pour se rapprocher de la cabane de l’ermite. Cette évolution sera l’œuvre de 3 maîtres : Murata Juko, Takeno Joo et Sen no Rikyu.